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                         Dés l'heure dite devant la porte du salut incertain

                         Attendent les ombres génées dans le froid du matin

                         leurs fumées tabagiques blanchissent leurs espoirs

                         Dans une sinistre ronde de corps chargés d'histoires.

     

                        Et devant les tableaux ou les offres s'affichent

                        Leurs épaules s'éffleurent en un ballet primaire

                        Ici nulle comédie mais des âmes en friche

                        Et les sourires forcés ont un sale goût amer.

     

                        Points de rayons lumineux traversent les pupilles

                        De celui qui assis la carapace vidée

                        Ne contemple même plus au loin danser les filles

                        Perdu à jamais dans ses exploits passés.

     

                     Vois comme ils sont beaux dans leur humanité

                     Et comme la jungle autour semble si factice

                     Eux c'est dans leur chair que les couteaux déchirent

                     Brandis par des fantômes qui sur leur corps glissent.

     


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                       Toi aussi ça t'as cloué le bec cette histoire de trader qui perd 5 milliars d'Euros dans la nature. Gagner de l'argent avec de l'argent comme un arbre produit un fruit virtuel. C'est au delà de l'imagination comme l'infini, comme les trous noirs, comme la mort. Et puis le salaire faramineux des patrons du 4 quarante, et puis les aléas puants de la vie privée du président, et puis les attentats, et puis les guerres de toutes sortes, et puis l'exploitation de l'homme par l'homme et la destruction de la nature, et puis la corruption politique et médiatique, et puis les abus de pouvoir et de confiance...Il y a comme un décalage au sein même de la réalité. Une réalité que l'on nous impose au nom d'une ligne de conduite et de morale humaine mais qui est transgressée en son propre coeur par la fiction invraisemblable et incompréhensible de ce qu'elle est. Une réalité ou l'homme se révèle comme le plus perfide des animaux puisqu'il pense ses actes et que les conséquences de ses propres décisions sèment la mort, la faim et la guerre au sein de sa propre espèce et au coeur des autres. Un homme qui porte des cravates comme distinction sociale mais qui, sous ses chemises de marque, ses airs polis de premier de classe, ses sourires commerciaux artificiels, réagit comme le premier animal venu en sacrifiant toute réflexion sur l'hôtel du fric et du pouvoir comme un chien affamé se jetterait sur les restes d'un os.Si c'est cela la réalité alors tu ne peux pas être commandé par elle. Au nom du bon sens humaniste tu ne peux rentrer dans cette spirale aberrante et ubuesque.

     

    Hier, ils ont supprimés les pauses à ton travail en estimant que l'entreprise perdait 30 minutes de rentabilité. Tu as été le seul à t'opposer à cette mesure injuste. Les autres ont peur de perdre la reconnaissance hiérarchique et s'accrochent à un emploi pourri comme un naufragé à sa planche de salut. Dorénavant il faut conditionner pendant huit heures sans prendre le temps de souffler 5 minutes. C'est à peine si on te dit pas que supprimer les pauses te permettra d'arrêter de fumer. En somme, c'est une mesure pour préserver ta santé !! Tu étais bien  seul lorsque tu es sortis fumer ta clope. Il faisait un temps splendide et la lumière du soleil t'obligea à cligner des yeux. Quand tu travaille toute la journée à la lumière des néons blancs, le soleil c'est comme un cadeau de vie. Même pour 5 minutes il te rappel à la justesse des choses. Ce jour là, il a été le premier à t'encourager à la résistance. La résistance pour de petits acquis médiocres. Se battre contre des moulins à pognons c'est juste pour pouvoir se regarder encore dans la glace. C'est juste pour dire que tu existes encore et refuse cette réalité artificielle inventée par des hommes qui font semblant d'oublier les vérités essentielles.

     


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    L'hosto tu connais ? Son odeur qui soulève les tripes comme dans les couloirs d'une maison de retraite. Un vrai supermarché avec ses différents rayons qui alignent des centaines de produits. Le malade est un numéro et son code barre correspond à sa maladie. De sa chambre 326 on voit le soleil se lever sur la ville, on aperçoit des oiseaux et le soir les grosses lettres allumées du supermarché d'en face. On voit mais on n'entend rien du dehors. Déjà coupé de l'extérieur. Déjà un sens en moins. Bruits métalliques divers, sons de voix qui résonnent, grincements multiples, cliquetis des plateaux repas, portent qui claquent. Le cancer disais-tu, c'est une souffrance sans mot comme une pièce vide. Le silence y est oppressant et même le son de sa propre voix fait peur. La douleur aigue, aigre et méchante transperce le corps aussi aisément qu'un couteau dans un fruit pourri. Que dire à celui qui meurt et qui de ses yeux mi-clos regarde ce qui lui reste du monde : une chambre luisante qui pue les médocs, l'aseptisation et la mort. Balance-lui la morphine bon Dieu, qu'il arrête de souffrir. Il ne regarde plus, il ne sent plus, il ne voit plus et il a mal !.

    Toi, tu sors du hall en courant la gorge écrasée par la tristesse. Tu cours le plus vite possible en laissant tes larmes s'échapper dans le vent et tu cries si fort que les gens te dévisagent avec horreur. Tu gueules de peur, de colère, d'amour et de désespoir. Il ne faut plus t'arrêter de courir. Tu dois aimer la vie pour lui maintenant. Le paysage défile troublé et le battement de ton coeur explose tes tripes. Fais pas le con vieux, tu ne peux pas lui faire ça. Tu dois aimer la Garonne pour lui jusqu'à plonger tes mains dans sa terre boueuse jusqu'à te fondre dans l'encre de ses écrits et les notes de jazz de son saxophone.

    Tu n'as rien oublié de lui. Puisse ton imagination reconstituer son corps athlétique d'avant maladie. Tu te rappelles n'est- ce pas de sa peau mate, de ses rides au coin des yeux et de sa façon de narguer la vie avec la peur au ventre. Il est venu mourir dans la région de son enfance et pleurer au-bas des marches de sa première maison. Comme elle avait changé cette contrée du Sud-Ouest qui était la sienne mais ne l'avait-il pas trop embellie à force de vouloir la rejoindre et d'en être si éloigné ? Si déçu de cet ultime point de chute, lui qui croyait pouvoir retrouver son souffle il a perdu haleine.

    A la fin, tu l'as vu pleurer en lisant Desproges... Il était temps de partir.


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